Le Céreq plaide pour plus de co-construction entre école et entreprises

Dans une étude parue début avril, le Céreq s'intéresse à la « relation formation-emploi », soit les liens qui existent entre les structures éducatives et le monde économique. Deux formes d'articulations y sont analysées : celles qui se fondent sur un strict partage des rôles et celles qui ont une dynamique partenariale. Le développement d'une logique de co-construction des processus de professionnalisation ne fait pas disparaître le modèle traditionnel de strict partage des rôles, selon l'auteur.

Par - Le 26 avril 2023.

Pour éclairer les débats sur le rôle des entreprises dans l'élaboration des formations, le Cereq, dans une étude datée du 3 avril, met en regard deux modèles de relations entre le système éducatif et le monde économique. Le modèle traditionnel, le plus prégnant, est celui que l'auteur qualifie de « séquentiel » :  les professionnels doivent d'abord formaliser leurs besoins en compétences puis les acteurs du système éducatif adaptent leurs filières de formation. C'est ainsi, par exemple, qu'a été conçu le baccalauréat professionnel en 1985, répondant à un besoin de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie). Ce modèle se fonde sur une logique de répartition stricte des rôles entre les acteurs du système éducatif et les professionnels. Les enseignants fournissent un cadre pédagogique adapté pour transmettre les connaissances nécessaires et les professionnels assurent l'intégration sur les postes de travail.

Rapprochement entre l'école et l'entreprise

Le modèle de co-construction de la relation formation-emploi s'inscrit dans les nombreuses mesures de rapprochement de l'école et de l'entreprise mises en œuvre depuis la fin des années 60. Dans ce cadre, les professionnels et membres du système éducatif se reconnaissent un enjeu commun, celui de faire évoluer des individus, entre l'acquisition d'une certification publique et la maîtrise des compétences attachées à un métier. C'est un processus de professionnalisation et non plus uniquement d'obtention d'un diplôme.

Enjeu de professionnalisation

Cette priorité donnée à la professionnalisation permet davantage de réactivité sur les problématiques d'évolution des métiers. Ainsi, la majorité des Campus des métiers et des qualifications (CMQ) sont constitués de réseaux d'acteurs économiques et éducatifs, réunis autour d'une filière économique spécifique sur un territoire donné.

Dialogue durable

Ce modèle partenarial permet l'établissement d'un dialogue durable entre acteurs des institutions de formation et professionnels d'entreprises. Il contribue à créer des profils de professionnels et d'enseignants dotés d'une capacité à articuler des compétences professionnelles et pédagogiques, comme les maîtres d'apprentissage ou les membres de jurys de titres professionnels.

Complémentarité entre deux modèles

La relation formation-emploi pourrait retrouver un sens, en reconnaissant une forme de complémentarité entre ces deux modèles, trop souvent présentés comme antagonistes. Le modèle séquentiel garde toute sa pertinence pour permettre aux instances éducatives, en lien avec les professionnels, de définir le contenu des diplômes et leur place comme repères collectifs nationaux des acquis d'apprentissage. Le modèle partenarial tire sa force de sa capacité à gérer les filières « professionnalisantes ».


« Les relations école-entreprises, entre partage des tâches et co-construction », Céreq Bref, n° 436, avril 2023