La ministre du Travail Catherine Vautrin au siège de L'Oréal, le jeudi 21 mars 2024, à Clichy, dans les Hauts-de-Seine.

La ministre du Travail Catherine Vautrin au siège de L’Oréal, le jeudi 21 mars 2024, à Clichy, dans les Hauts-de-Seine.

La ministre du Travail veut avancer sur l'emploi des seniors

Lors d'un déplacement au siège de L'Oréal, jeudi 21 mars, Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités s'est montrée déterminée à agir pour l'emploi des seniors et pour l'insertion professionnelle des plus éloignés du marché du travail. Les conclusions des travaux des partenaires sociaux sont attendues avec impatience.

Par - Le 25 mars 2024.

Identifier des bonnes pratiques en matière d'emploi des seniors. C'était le sens de la visite de Catherine Vautrin au siège du groupe L'Oréal à Clichy dans les Hauts-de Seine, jeudi 21 mars. Pendant plus d'une heure, la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités a échangé avec des membres de la direction et des salariés, les interrogeant sur les modalités pratiques des solutions mises en œuvre au sein du groupe qui emploie 15 000 personnes en France. « C'était passionnant d'entendre une entreprise extrêmement engagée sur le travail des seniors », s'est enthousiasmée la ministre à l'issue de sa visite. Il faut dire que le géant des cosmétiques a pris une longueur d'avance sur les questions d'employabilité des seniors.

L'Oréal s'engage pour l'emploi des seniors

Son programme « l'Oréal for all generations » lancée en France en 2022 comporte plusieurs dispositifs destinés aux salariés de plus de 50 ans, qui représentent 28 % des effectifs en France. Un accompagnement ciblé sur l'employabilité qui démarre bien avant la deuxième partie de carrière. Le groupe associe par exemple les salariés expérimentés aux formations destinées aux jeunes qui rejoignent l'entreprise. « Un moyen de favoriser la transmission et l'échange entre générations », souligne Hervé Navellou président de l'Oréal France. Avec ce programme, la formations s'envisage à toutes les étapes d'une carrière pour développer l'employabilité. « 80 % des collaborateurs de plus de 50 ans dans le groupe suivent au moins une formation chaque année », précise-t-il. En complément, des séminaires leur sont proposés pour les aider à cartographier leurs compétences et anticiper leur évolution de carrière.

Se préparer avec le congé fin de carrière

Actions de prévention autour de la santé et du bien-être au travail, et dispositifs destinés à faciliter la transition vers la retraite ou à préparer un nouveau projet de vie complètent ce programme. Les salariés ayant exercé au moins 20 ans au sein du groupe peuvent par exemple bénéficier d'un « congé de fin carrière » à prendre en une fois ou de manière fractionnée. Limité à neuf mois, ce congé peut être allongé en contrepartie d'une baisse de rémunération ou associé à d'autres dispositifs comme le compte épargne temps. Chaque année, 250 personnes mobilisent ce congé de fin de carrière.

Un bilan à mi-carrière pour faire le point

Employabilité, mobilité professionnelle, prévention, transitions vers la retraite : autant de sujets explorés dans le cadre de la négociation interprofessionnelle dont Catherine Vautrin attend les conclusions avec impatience. Alors que se profile un décalage de quinze jours dans le calendrier des partenaires sociaux, la ministre « souhaite pouvoir avancer dans les meilleurs délais » pour améliorer le taux d'emploi des seniors et notamment des 60-64 ans qui plafonne à 33 %. « Un drame français », selon elle, au regard des indicateurs d'autres pays européens. Parmi les pistes évoquées par les partenaires sociaux, le bilan à 360 ° à mi-carrière lui parait intéressant. Non seulement parce qu'il « semble faire consensus », mais surtout pour permettre aux salariés de « s'interroger sur leur 2ème partie de carrière et d'avoir de la visibilité ».

L'accès à la formation, toujours une priorité

Au cours de sa visite, la ministre a rappelé les ambitions du gouvernement en termes de plein emploi et les bénéfices attendus de la transformation de Pôle emploi en France Travail. L'accompagnement associé à un contrat d'engagement doit permettre de lever les freins au retour à l'emploi (logement, transport, etc.) et de proposer des immersions en entreprise et des formations pour renforcer l'employabilité. Lors des discussions avec les salariés seniors de l'Oréal qui ont changé de poste à plusieurs reprises, Catherine Vautrin a souligné l'importance de développer ses compétences tout au long de la vie. « L'accès à la formation, c'est vraiment un sujet ». Un enjeu auquel répond, entre autres, le compte personnel de formation. A condition que l'instauration prochaine du reste à charge ne vienne pas freiner son utilisation.

CPF, le reste à charge en question

Interrogée sur le sujet, Catherine Vautrin rappelle le taux de 11 % d'abandon pour les formations mobilisées via le CPF. Faire participer les bénéficiaires pourrait alors s'envisager comme une incitation à aller jusqu'au bout du parcours. Le CPF doit être envisagé comme « un outil d'accès à l'emploi » selon la ministre qui se dit « attachée, à titre personnel, à un lien entre métiers en tension et CPF ».  A ce stade, le montant et les modalités du reste à charge ne sont toujours pas calés, précise-t-elle.