Quels impacts du plan de relance sur l'apprentissage (Matinée d'actualité de Centre Inffo)

France Relance augure-t-il un nouveau big bang pour la formation professionnelle ? Fil rouge de la Matinée d'actualité de Centre Inffo, le 3 décembre, le plan de relance consacre plus de 15 Md € au volet emploi-formation, avec des réajustements du plan d'investissement dans les compétences (PIC), et l'abondement de certains dispositifs (270 M € supplémentaires pour la Pro-A et 100 M € au CPF de transition).

Par - Le 07 décembre 2020.

Ainsi Transition collective récupère 500 M € des fonds exceptionnels alloués au dispositif du Fonds national emploi formation (1 Md €). Sans oublier un investissement de 300 M € pour accompagner la digitalisation des organismes de formation.

Ces ajustements offrent de nouveaux outils aux acteurs, alors que la crise sanitaire est venue perturber l'écosystème. Certaines mesures se déploient jusqu'en 2022, d'autres comme les aides au recrutement des apprentis, sont d'ores et déjà en vigueur.

Une dynamique maintenue

Et elles ont permis de sécuriser l'apprentissage comme l'a rappelé Caroline Cohen, conseillère apprentissage-formation professionnelle de la ministre du Travail. Il enregistre en 2020 des « résultats exceptionnels, qui devraient dépasser le taux historique de 2019 ». Certes, des inquiétudes s'expriment sur le statut des apprentis : la Fnadir, qui fédère les directeurs de centres de formation d'apprentis, estime ainsi que 26 000 à 28 000 apprentis sont entrés en formation sans contrat. Une situation regardée de près par le ministère…

Idem pour le maintien des niveaux de prise en charge des contrats, annoncé récemment, qui permet de « ne pas déstabiliser le système », mais prive France compétences d'un levier de régulation. L'opérateur subit l'impact de la crise, a précisé Stéphane Lardy, son directeur général : la baisse du montant de la collecte des contributions patronales en raison de la crise laisse « une dette Covid à France compétences ».

Renfloué de 750 M € par le plan de relance, France compétences devra respecter la « règle d'or » de l'équilibre financier en 2022. Caroline Cohen a précisé que « des propositions allaient se construire de manière itérative avec les partenaires sociaux » pour résoudre cette quadrature du cercle du financement du système.

Un groupe de travail

La loi de 2018 a imposé aux CFA de se doter d'une comptabilité analytique (cf. arrêté du 21 juin 2020), dont les données, remontées sur une plateforme et analysées par France compétences, devront permettre de comparer les coûts de revient des contrats d'apprentissage et leurs niveaux de prise en charge.

Stéphane Lardy a estimé qu'en juin-juillet 2021, les comptes 2020 seraient stabilisés pour être traités d'ici décembre 2021 et déterminer le prix de revient d'une formation. Un groupe de travail avec les têtes de réseau des CFA prend en considération les diverses charges : coût des formateurs, de l'immobilier, investissement, plateaux techniques, accompagnement, frais administratifs, etc. « La méthodologie est partagée avec les têtes de réseau CFA », a assuré Stéphane Lardy.

Pédagogie auprès des CFA

 Par ailleurs, Caroline Cohen a répondu à l'inquiétude des CFA au sujet de la nouvelle méthodologie d'évaluation des taux d'insertion des apprentis. Inser'Jeunes, instaurée par la loi, recense de manière exhaustive les données d'admission dans l'emploi (DSN). Un travail a été mené entre la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) de l'Éducation nationale et la Dares afin de créer des indicateurs plus fiables que les précédentes enquêtes, déclaratives, sur l'insertion professionnelle des apprentis (IPA) et l'insertion dans la vie active (IVA).

Pour Caroline Cohen, il y a un enjeu de pédagogie à mener auprès des CFA. Une réunion sera organisée mi-décembre afin de présenter les indicateurs aux têtes de réseau. L'enjeu est « de donner de la transparence aux jeunes et aux familles ».