Table ronde « Certifications professionnelles évolutions et nouvelles perspectives ». Université d’hiver de la formation professionnelle, le 27 janvier 2023.


UHFP 2023

Certifications d'Etat: coup d'envoi de la refonte (UHFP 2023)

Après les certifications professionnelles privées, c'est au tour des certifications publiques de faire leur aggiornamento. Lors de l'UHFP (Université d'hiver de la formation professionnelle), le ministère du Travail a précisé ses ambitions et sa feuille de route, jeudi 26 janvier à Cannes. En cours de constitution, une équipe interministérielle travaillera autour de leur conception et de leur ingénierie en ligne avec les attendus de France compétences.  

Par - Le 02 février 2023.

C'est un des messages forts de l'UHFP 2023. Identifiées comme un des piliers de la régulation et le socle de la qualité de la formation, les certifications professionnelles doivent accélérer leur transformation. La présence au sein du cabinet de la ministre Carole Grandjean d'un conseiller spécial en charge de ces questions traduit la volonté du gouvernement de disposer d'un portefeuille solide et harmonisé. Nommé à ce poste en août dernier, Guillaume Houzel présente sa feuille de route lors d'une table ronde le 26 janvier dernier. « Les certifications professionnelles sont le cœur du réacteur des politiques publiques », déclare-t-il en préambule. Lancée dès 2019 par France compétences, la refonte des répertoires nationaux porte ses fruits. Ingénierie rigoureuse, articulation avec les besoins en compétences des entreprises, culture du résultat, responsabilisation des certificateurs dans l'animation de leur réseau, les nouvelles exigences du régulateur ont restructuré le marché, parfois dans la douleur. Devenues un actif stratégique pour les organismes de formation, les certifications professionnelles ont montré leur force en matière de régulation, notamment sur le marché du CPF. Mais, jusqu'à présent,  les certifications d'Etat enregistrées de droit n'étaient pas concernées,  fragilisant l'ensemble du portefeuille et créant des inégalités de traitement entre certificateurs.

Mise en place d'une équipe interministérielle

A un moment où s'engage une réforme de la voie professionnelle, le ministère du Travail s'attaque à ce fonctionnement à deux vitesses. Un exercice délicat qui implique d'autres ministères certificateurs dont l'Education nationale et l'Agriculture.  « Nous allons mettre en place une équipe interministérielle pour travailler sur le réenregistrement des grandes certifications d'Etat en mutualisant les ressources et en harmonisant les méthodologies », précise Guillaume Houzel. Avec l'appui d'experts de l'ingénierie de certification issus de l'Afpa et en lien avec les partenaires sociaux, cette « escouade » devra réinterroger l'offre, en ligne avec les exigences de France compétences. Seule cette convergence peut garantir la lisibilité et l'harmonisation du répertoire national. Dans le contexte de grande transformation des métiers, le gouvernement cherche également à introduire, dans chacune des certifications, les nouvelles compétences de la transition écologique et numérique ainsi que la prise en compte des situations de handicap.

Alignement des CPC avec les attendus de France compétences

Autre levier de convergence, l'alignement des pratiques des 11 commissions paritaires consultatives (CPC) chargées d'examiner les projets de création, de renouvellement ou de suppression des certifications d'Etat avec les attendus de France compétences. Le régulateur les accompagnera dans le diagnostic et les évolutions à engager autour des nouveaux critères d'enregistrement appliqués par le régulateur. Parmi eux, les taux d'insertion professionnelle, l'adéquation avec les besoins du marché du travail, la rigueur des référentiels ou encore le contrôle des organismes de formation habilités se sont déjà imposés aux autres certificateurs. Pour beaucoup d'entre eux, la marche à gravir s'est avérée plus haute que prévu. Les branches professionnelles en savent quelque chose. En quelques mois, la métallurgie a dû s'adapter à marche forcée et mobiliser d'importantes ressources pour inscrire ses certifications paritaires au répertoire national. Un changement brutal selon le directeur emploi-formation de l'Uimm invité à témoigner lors de la table ronde. David Derré pointe également les évolutions trop fréquentes de la doctrine de France compétences, la complexité de certaines procédures et un sentiment d'inégalité vis-à-vis des certificateurs de droit. « Les branches s'épuisent », prévient-il.

France compétences ouvre le chantier des équivalences

Un constat partagé par le Synofdes. « Nous avons besoin de stabilité. Nous sommes également confrontés à des incohérences », confirme sa vice-présidente Jeanine Chapot qui prend l'exemple de numéros d'enregistrement de certifications non actualisés dans certaines commandes publiques ou des pratiques d'organisation du jury d'évaluation encore très disparates. Il faut dire que la refonte des répertoires nationaux a été menée à un rythme très soutenu par France compétences qui a multiplié les éléments de doctrine. Par souci de clarté et de pédagogie, le régulateur a publié l'été dernier un guide sur le RNCP et devrait sortir celui du RS au premier trimestre 2023, tout en poursuivant sa feuille de route. Une nouvelle étape nécessaire au déploiement de parcours modularisés va s'ouvrir. « Nous lançons la procédure des équivalences entre les blocs de compétences des certifications. Nous accompagnerons les certificateurs dans leur démarche », déclare Mikaël Charbit, son directeur des certifications professionnelles. Le chantier pose déjà question. Les propriétaires des certifications ne voient pas d'un bon œil ces équivalences qui pourraient affaiblir leur marque sur le marché devenu très concurrentiel.