Comment devenir une entreprise apprenante ?

L'organisation apprenante entre dans la réalité des entreprises. Lors d'une conférence organisée récemment par le réseau Jobsferic, Air France, Vinci et la start-up Unow partagent leurs bonnes pratiques. Ce modèle créé les conditions managériales et culturelles d'un apprentissage permanent. Un process long mais essentiel pour répondre au défi des compétences.

Par - Le 06 avril 2022.

Du concept à la réalité. L'idée d'une entreprise apprenante, née dans les années 1990, commence à se concrétiser. Air France, Vinci et Unow, une start-up du secteur de la formation, font partie des pionnières. Invitées à témoigner de leur expérience le 15 mars lors d'une conférence organisée par le réseau Jobsferic, ses trois responsables des ressources humaines préviennent. Il ne faut pas s'attendre à un « grand soir ». On ne décrète pas une révolution culturelle de cette ampleur. Une organisation apprenante bouscule, en effet, des habitudes managériales bien installées et la vision traditionnelle de la formation. « Nos modèles de gestion des compétences doivent se transformer au profit de modèles dynamiques dans lesquels la formation n'est plus qu'un élément parmi d'autres », affirme Patrick Plein. Pour le directeur des ressources humaines de Vinci Energies, la démarche embarque l'ensemble de l'organisation et engage le management.

Les six piliers de l'entreprise apprenante selon Vinci Energies

  • Partager avec les collaborateurs une vision stratégique clairement définie par l'entreprise
  • Mettre en place une organisation décentralisée
  • S'ouvrir à son écosystème (partenaires, sous-traitants, fournisseurs)
  • Créer des mécanismes de capture et de partage des compétences
  • Déploiement d'actions collectives
  • Transformer le management

Engager une révolution managériale

Au sein du groupe Air France, l'innovation passe par l'agilité. « Le besoin de rendre la formation et les apprentissages attractifs est aujourd'hui encore plus fort. L'offre doit être diversifiée dans sa forme comme dans son contenu », insiste Anne Grjebine, responsable de l'innovation RH chez Air France. La compagnie aérienne encourage l'autonomie, promeut le développement personnel ou encore le renouvellement constant des actions de formation proposées. Dans ce contexte, le rôle du management évolue. Centré sur l'accompagnement et l'animation des apprentissages informels, le manager doit faire preuve d'empathie et soutenir les initiatives.

Organiser des rituels d'apprentissage

Pour la start-up Unow, l'entreprise apprenante et l'agilité se sont imposées d'elles-mêmes. « Notre activité a progressé très vite et nos compétences évoluent constamment. Il fallait donc créer les conditions d'une nouvelle approche culturelle de l'apprentissage, mettre en place des process et structurer des rituels », explique Pierre Monclos, son DRH. La jeune pousse de l'Edtech brouille les frontières et inscrit le développement des compétences au cœur même de l'organisation du travail. Des moments de partage en interne ont été instaurés. Les développeurs y détaillent ainsi leurs lignes de code ; les différents métiers présentent chaque mois leur quotidien, leurs enjeux, leurs objectifs ou leurs projets. Plus délicat à piloter mais essentiel, un nouvel état d'esprit autour de la prise de risques, de la conduite d'expérimentations et du droit à l'erreur est encouragé.

Quel avenir pour les responsables de formation ?

« Nous vivons un véritable changement de paradigme ». Aline Scouarnec, Professeur des universités (IAE Caen), dévoile, en avant-première, les résultats d'une étude réalisée auprès de 80 responsables de formation. Trois scénarios émergent. Dans un monde « souhaité », le responsable de formation devient un stratège du développement des compétences en lien avec la direction des ressources humaines et en appui de la transformation des organisations. Dans un monde « augmenté », il s'empare des outils technologiques d'analyse de données pour construire des passeports de compétences ou calculer le retour sur investissement des parcours. Dans un monde « redouté », sa fonction se limite à une gestion administrative et juridique de la formation.