Édito innovation septembre-octobre 2025 – IA : un débat difficile
Les conséquences de l'irruption de l'intelligence artificielle générative dans toutes les sphères de l'activité humaine, et notamment dans le champ de l'éducation et de la formation, sont évidemment à débattre. Pas toujours facile…
Par Nicolas Deguerry - Le 26 septembre 2025.
Le 27 août dernier, l'émission Questions du soir, proposée par France Culture, invitait une philosophe, un professeur d'histoire-géographie et la déléguée générale d'Edtech France à débattre des usages éducatifs de l'IA. Sujet du jour : l'IA va-t-elle bouleverser l'enseignement et la place des professeurs ?
Là où Edtech France vient promouvoir la thèse d'une IA-compagnon de l'enseignant, le professeur voit dans l'IA éducative un Cheval de Troie « techno-fasciste. »
Il ressort parfois d'un débat le sentiment d'une rencontre qui enrichit chacune des parties. Mais quand l'esprit critique perd en nuances, il arrive aussi que la conversation s'appauvrisse. On se réjouit alors d'une pause avec le physicien philosophe des sciences Étienne Klein :
Autre prise de recul sur l'IA avec le pédagogue Philippe Meirieu. Lui n'était pas invité à débattre dans l'émission de France Culture mais a publié une tribune dans l'édition du 16 septembre du quotidien Le Monde. Et d'alerter : « Avec l'IA, c'est le modèle politique de notre école qui est en jeu. »
En l'occurrence, l'ancien vice-président de la Région Rhône-Alpes en charge de la formation souligne que pour bien des promoteurs de l'IA éducative, la science algorithmique va permettre de séparer, au nom de l'individualisation des enseignements, la mission d'instruction - désormais confiée au corps enseignant assisté par l'IA -, de la mission de socialisation, désormais déléguée à des animateurs socio-culturels situés hors du système scolaire.
Loin d'être un progrès pour Philippe Meirieu, cette dissociation des missions d'instruction et de socialisation n'est rien d'autre qu'une remise en cause du projet originel de l'École de la République : « la construction du commun. » L'opinion est versée au débat !
Un cran plus haut dans l'organisation du système éducatif français, on notera que la rentrée 2025 de l'ECE, école d'ingénieurs du groupe Omnes Education, a intégré dans ses rangs Milo, étudiant d'un nouveau genre puisqu'il s'agit d'une intelligence artificielle, présentée comme une « partenaire pédagogique, capable d'interagir avec les étudiants et de participer activement à la vie de campus. » Pour ce faire, Milo suit les cours, aide ses camarades de promotion et coconstruit progressivement son rôle avec les enseignants. À suivre…
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