Édito innovation juillet-août 2025 – Avec ou sans GPT ? La querelle des cerveaux
Avec son étude sur les effets délétères de ChatGPT sur nos capacités cognitives, le MIT (Massachussets Institute of Technology) paraît remettre au goût du jour l'éternelle Querelle des Anciens et des Modernes. Nulle obligation de choisir un camp mais mieux vaut s'informer !
Par Nicolas Deguerry - Le 18 juillet 2025.
Sans doute avez-vous entendu parler de la récente étude du MIT qui entend mesurer les effets sur le cerveau d'un usage répété de ChatGPT. Dans son résumé, le média Le Grand Continent rapporte qu'au terme des 4 mois d'étude, il apparaît que « les utilisateurs de ChatGPT sous-performeraient systématiquement par rapport aux personnes qui n'utilisent pas le chatbot pour les mêmes tâches. » Encore plus inquiétant, « écrire avec ChatGPT ferait accumuler une dette cognitive rendant difficile un retour à une activité cérébrale normale pour les tâches effectuées sans LLM. »
Autant le dire, du pain bénit pour les contempteurs des intelligences artificielles génératives, tel le philosophe Gaspard Koenig qui y voit dans une tribune la preuve que lesdites technologies « rendent idiots. »
Pour d'autres, tel l'entrepreneur et président de la mission CaféIA Gilles Babinet, une réception plus nuancée de l'étude du MIT eut été préférable (voir le post Linkedin) : certes, l'atrophie de certaines capacités lui paraît soutenable (mémoire, gestion de la complexité, …), mais d'autres sortiraient en revanche renforcées d'une collaboration avec l'IA.
Si Gilles Babinet ne s'étend pas en exemples sur ce point, un article du média belge Alter.Echos, signé Léa Dornier, apporte un éclairage intéressant. Anglé sur le thème L'IA va-t-elle prendre notre place ?, la journaliste donne la parole à Nicolas Van Zeebroeck, professeur en économie et stratégie numériques à Solvay. Lequel rappelle simplement que : « On peut se servir de ces outils pour penser à notre place, ou on peut s'en servir pour nous aider à penser mieux. Ce n'est pas du tout la même manière de les utiliser. »
Le propos est peu spectaculaire mais la différence d'usage n'est pas si simple à atteindre. Et c'est Rochane Kherbouche (notre portrait), cité dans l'article, qui nous dit pourquoi : « Les gens pensent que, s'ils maîtrisent le numérique, ils vont maîtriser l'IA. J'ai constaté le contraire. Pour un informaticien, son travail est binaire. 0 ou 1. Alors que l'IA, c'est un travail sémantique. C'est une conversation entre l'homme et la machine. Il faut avoir des compétences littéraires, jouer avec les mots. C'est ce qu'on appelle la programmation par langage naturel, même si, en réalité, ce n'est pas si naturel que ça. »
Côté formateurs comme côté apprenants, mieux vaut s'en souvenir !
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